Déclaration du 26 septembre 2018 sur réseau social En ce jour mercredi 26 septembre 2018 j'officialise que je ne verrai plus mes peintures exécutées au delà de
cette date. Dans l'évolution de mon travail. Un acte de protestation et de rébellion, une dénonciation de notre
monde aveugle et matérialiste: Blindpainting... contre notre monde aveugle. Entre espoir et
désespoir. Sans frontière ni limite. Pas de grand discours, pas de super flux. Un cri de et pour la vie et la liberté!
à suivre...
Les photos des œuvres seront prises et publiées par une tierce personne, lien
disponible prochainement
lien : https://blind-art-odyssey.blogspot.com Les photos des œuvres seront publiées à mille œuvres effectuées
samedi 19 mai 2018
BLINDPAINTING
Peinture à l'aveugle contre un monde aveugle Blindpainting against a blind world
(D'après photos)
"Humilitary" version2 acrylique 1,40/2m 2018
"Blue chair"
______________________
"SCÈNES" (d'après photo)
acrylique 1,50m/2m 2017/2018 Version 1
(pour chaque œuvre)
Scène 23
"Humilitary"
Fragments et détails "Humilitay"
"Sur le départ" Version 2
Détails "Sur le départ"
"Ecoliers Malgaches"
"Sur les rails"
Détails "Sur les rails"
"Chemin de traverse"
acrylique 1,50m/2m Version 1
"Chemin de traverse" Version 2
Détails "Chemin de traverse" Version 2
"Tapis d'énfants""
acrylique 1,50m/2m Version 1
"Dernier soleil Mexicain"
acrylique 2m/1,50m Version 1
« Quels yeux nous faudra-t-il et quelle patience, ou
quelle cécité, plutôt, pour soudain voir le jour. »
Giuseppe Ungaretti(1)
Olivier Baudelocque s’exprime par le biais de trois pratiques, très différenciées, mais qui
restent concomitantes. Ses travaux les plus connus sont réalisés sur la base
d’accumulations de divers matériaux récupérés, englobés dans des gangues de peinture
acrylique colorée. Ses impressionnantes Grottes(2 en sont les réalisations les plus
marquantes. On a pu voir aussi quelques-unes de ses Handpaintings, immenses
compositions sur toile libre, réalisées avec les doigts. En revanche, ses Dessins aveugles
sont moins connus et rarement présentés. Les premiers de ces dessins datent de 1987,
quand l’artiste avait tout juste seize ans. Depuis, il n’a jamais cessé d’en produire, comme
s’il s’agissait de l’entretien d’un jardin secret, contrepoids ou exutoire à ses œuvres plus
exubérantes.
Avant toute chose, il importe de préciser que, bien qu’autodidacte et éprouvant,
comme beaucoup de créateurs, parfois quelques difficultés à s’exprimer sur son propre
travail, Olivier Baudelocque a une connaissance approfondie et toujours renouvelée de
l’histoire de l’art et de ses manifestations les plus contemporaines. Curieux de tout ce qui
a été fait et de ce qui se fait, il revendique, sans ambiguïté, son inscription dans un
processus historique auquel il veut apporter sa contribution. Rien, donc, dans son
attitude qui puisse être assimilé à de l’amateurisme ou à une complaisance dans une
forme de marginalité telle que la cultivent les tenants d’un Art brut.(3)
1 In Innocences et mémoire. 2 Voir Louis Doucet, Les Grottes d’Olivier Baudelocque, in Subjectiles II.
3 Qui, désormais, rejoint les pratiques académiques, avec ses lieux d’expositions, ses critiques et ses
gloses. Tout comme la transgression de l’académisme est devenue un nouvel académisme.
Les Dessins aveugles sont des dessins sur modèle, souvent des portraits. L’artiste fixe et
observe son sujet et le transcrit sur la feuille de papier en s’astreignant à ne pas la regarder,
si ce n’est quand le travail est terminé. Quand, dans un dessin traditionnel, les traits
décrivent des courbes ininterrompues, chez Olivier Baudelocque ils ne sont que
successions de ruptures, de reprises et de décalage. Le résultat n’est pas sans évoquer la
vision multifocale inventée par Cézanne et reprise par les cubistes. Mais, alors que les pionniers du début du XXe siècle voulaient donner une perception objective du volume
d’un objet en évoquant sa perception sous différents angles de vision, Olivier
Baudelocque, lui, se place d’un point de vue subjectif, reproduisant les phases successives
de son appropriation du modèle. La main n’est plus que l’instrument, parfois rétif, de la
traduction des étapes de la déconstruction, puis de la reconstruction de l’objet. La cécité,
volontairement consentie, devient un outil de découverte et de manifestation d’un
processus cognitif. Le crayon, dans une main libérée de tout contrôle visuel, se comporte
comme le stylet d’un sismographe enregistrant les variations d’états conscients engagés
dans un mouvement d’exploration d’une réalité concrète. Un parallèle avec le jeu du cadavre exquis des surréalistes est tentant. Celui-ci recourt en
effet à une forme de cécité pour produire des résultats inattendus, surprenants. Mais la
différence est essentielle. Chez Breton et ses amis, chaque intervenant successif n’a
aucune visibilité sur la contribution de son prédécesseur et encore moins sur l’ensemble
du sujet qui n’existera qu’au terme de l’exercice. Seules quelques marques, sur la pliure de
la feuille, lui permettent de poursuivre le dessin en continuité avec l’apport précédent.
C’est donc chaque contributeur qui est rendu aveugle, ignorant du passé et du futur de la
composition, concentré sur un seul fragment présent. Chez Olivier Baudelocque, il n’y a
qu’un seul intervenant. Il voit, observe, analyse le sujet avant de procéder à sa
représentation... Il en a une compréhension globale et préalable. Il a une vision
d’ensemble de ce qu’il veut figurer mais c’est sa main qui est volontairement rendue
aveugle. Elle n’a plus de marques ni de repères pour assurer la continuité du trait, quand le
crayon abandonne une ligne pour en démarrer une autre. Même si le rapprochement est
apparemment séduisant, les deux démarches sont donc profondément antithétiques.
En d’autres termes, les surréalistes créent un univers imaginaire par une démarche
constructive, additive, tandis qu’Olivier Baudelocque déconstruit, fractionne et
reconstruit une réalité physique, palpable, bien ancrée dans le réel.
Le processus d’Olivier Baudelocque est donc celui d’un désapprentissage de techniques
et de réflexes, acquis par une longue pratique du métier, mais qui deviennent pesants et
contraignants pour pleinement exprimer sa créativité. Et l’exercice n’est pas facile. On
pense au mot de Fénelon : « La science la plus difficile est de désapprendre le mal. »(1) En
désolidarisant l’œil de la main, l’artiste redonne sa place à une forme de maladresse
primitive, celle que l’on peut retrouver dans certains dessins d’enfants ou dans des
productions dites naïves. Mais cette naïveté ne penche pas vers la niaiserie ni vers une
quelconque nostalgie des origines. Elle est plutôt, comme Hugo le soulignait une forme
de « visage de la vérité. »(2) Une vérité sublimée, épurée de tous les poncifs et
enseignements de la pratique du dessin figuratif. 1 In Antisthène. 2 In William Shakespeare. Cette cécité auto-infligée ne serait-elle pas l’inévitable contrepartie à la liberté absolue
que l’artiste revendique ? Le désasservissement du regard et du geste, de l’œil et de la
main, est générateur de surprises, d’accidents dans le sens aristotélico-scolastique de ce
terme : « ce qui s’oppose à la substance ou à l’essence. » C’est encore, très certainement,
une façon d’affirmer son indépendance vis-à-vis de la prégnance de la tradition, des
académismes, qu’ils soient classiques ou transgressifs. C’est aussi une porte ouverte vers
ce hasard objectif que Breton définissait comme « indice de réconciliation possible des fins
de la nature et des fins de l’homme aux yeux de ce dernier. »(1) 1 In Situation du surréalisme entre les deux guerres – Discours aux étudiants français de l’Université de Yale, 10
décembre 1942, repris dans La Clé des champs. Quand Olivier Baudelocque s’invite à la FIAC 2015 et arpente les allées de la
manifestation – crête de Huron et visage peinturluré – en proposant aux visiteurs de leur
tirer le portrait à la mode aveugle, son propos se mue en prise de position politique. Trois
cents dessins, réalisés sans regarder la feuille et donnés aux modèles, c’est une façon de
manifester pour les contacts humains, pour la vie et le spirituel, contre le matérialisme
mercantile qui prévaut en ce lieu. Autant de petits face-à-face souriants, d’ouvertures
vers des espaces d’une liberté affranchie des contraintes monétaires... Et pour bien
enfoncer le clou, ces dessins étaient monogrammés d’un seul B et datés de 1987...
Encore un pied de nez à l’establishment artistique et à ses conventions stérilisantes… À sa façon, Olivier Baudelocque s’élève contre l’aveuglement de notre monde envers
les valeurs fondamentales qu’il devrait porter. Il stigmatise son retrait narcissique sur des
objectifs futiles, tourne en dérision le règne d’une fausse monnaie stérilisante, ridiculise
la marchandisation de l’art et les comportements prédateurs qu’elle entraîne. Il le fait en
lui opposant sa propre cécité, celle qu’évoque Giuseppe Ungaretti, librement consentie
mais créatrice d’ouvertures et de perspectives nouvelles. En cela, il joue le rôle de celui
qui, chez Platon, dans son allégorie de la caverne, ayant découvert le monde réel,
dénonce, auprès de ses anciens compagnons de captivité, la fausseté des ombres prises
pour la réalité. Ces derniers finiront par le tuer, convaincus qu’ils sont de la réalité de leurs
propres illusions chimériques... Des Grottes, modernes cavernes platoniciennes(2), au
Dessins aveugles, le propos est donc le même… 2 Voir Louis Doucet, op. cit. Pour mener à son terme naturel cette expérimentation de dessins aveugles pour un monde
aveugle ou, plus précisément, de dessins aveugles contre un monde aveugle, Olivier
Baudelocque a le projet de peindre une série de toiles, d’après modèle ou d’imagination,
sans les regarder pendant le processus de leur réalisation ni après. Empilées, face au mur,
elles ne seraient sorties de l’atelier que par un tiers pour être accrochées dans une
exposition que l’artiste ne visiterait pas... Esquisse future de son œuvre, selon les propos-
mêmes de l’artiste qui écrit, dans un mouvement de protestation désespérée :